Environnement : c’est fou tout ce qu’on peut faire avec des cheveux


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Environnement : c’est fou tout ce qu’on peut faire avec des cheveux

En trente ans de coiffure, Thierry Gras en a eu des conservations avec ses clients sur la meilleure façon de domestiquer des mèches rebelles, de rajeunir une tête chenue ou de façonner un chignon. Mais une question revenait en boucle parmi ses habitués : « Que faites-vous de nos cheveux ? »

Le coiffeur du Var a longtemps répondu qu’il les mettait à la poubelle avant de découvrir il y a quelques années qu’il pouvait les recycler. Depuis, il met soigneusement de côté les tifs récupérés dans son salon pour les envoyer à ses autres « clients » : le port de Cavalaire et l’union des ports de Provence-Alpes-Côte d’Azur.

« Sachant qu’un kilo de cheveux permet d’absorber jusqu’à huit litres d’hydrocarbures, les ports les utilisent en les plaçant à l’intérieur de boudins dépollueurs qu’ils installent ensuite autour des stations d’avitaillement en carburant ou dans les fonds de cales des bateaux », explique le coiffeur varois.

Des éponges pour absorber les marées noires

Thierry Gras a trouvé le concept tellement génial qu’il a décidé en 2005 de créer l’association Coiffeurs justes. Bingo. 4 600 salons y ont depuis adhéré et proposent de recycler les boucles de leurs clients. « Chaque semaine, j’ai entre 50 et 60 nouveaux adhérents et je reçois près d’une tonne et demie de cheveux, ce qui permet de créer près de 5 000 petits boudins dépollueurs de 300 grammes chacun », explique-t-il.

VIDÉO. Les Coiffeurs justes récupèrent vos cheveux pour aider à dépolluer

Maria Da Silva a ainsi envoyé il y a trois semaines près de 95 kilos de matière première issue de ses douze salons parisiens. « C’est une démarche écologique qui fait très plaisir à nos clientes, ravies de savoir que leurs cheveux servent à dépolluer », confie la professionnelle parisienne.

Des perruques pour cacher une chimiothérapie

Yves Rychen, dont le salon de coiffure est labellisé développement durable à Mulhouse (Haut-Rhin), a quant à lui adhéré il y a un an et demi. « Pour nous qui n’utilisons désormais que des produits de coloration et des shampoings végétaux, recycler les cheveux est une évidence et sert une juste cause », nous explique-t-il. Certaines de ses clientes qui disposent d’une longue chevelure lui demandent parfois de conserver leurs coupes pour en faire don à des associations. Elles s’en servent pour concevoir des perruques destinées aux patientes atteintes d’un cancer et contraintes de faire des chimiothérapies.

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L’environnement et la conso responsable

A force de les couper et d’imaginer comment leur redonner une deuxième vie, Thierry Gras a découvert que les cheveux ont dans le passé été utilisés pour bien des usages. « Pendant la guerre de 14-18, l’Etat demandait aux femmes de conserver les chutes de leurs cheveux pour fabriquer les gabardines en feutre vert des poilus, explique le coiffeur varois. Au Moyen Age, il y avait toujours une pelote de cheveux dans les cuisines pour essuyer le gras sur les tables. »

Environnement : c’est fou tout ce qu’on peut faire avec des cheveux

C’est que nos chevelures ont le pouvoir d’attirer les corps gras et de fixer à leur surface certaines matières polluantes. « Lors de la marée noire de l’Amoco Cadiz, les Bretons ont eu l’idée d’utiliser des cheveux pour absorber le pétrole en mer, explique le président de l’association Coiffeurs justes. Et lors de la catastrophe survenue en 2010 sur la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique, des boudins absorbeurs remplis de cheveux ont été employés. »

Un répulsif contre les taupes et les sangliers

Même procédé l’été dernier quand une marée noire est survenue au large de l’île Maurice. Les coiffeurs avaient été mis à contribution pour fournir des cheveux. Une fois collectées, les mèches sont insérées dans des collants ou des tissus absorbants qui viennent garnir les boudins déployés autour des zones à protéger des nappes d’hydrocarbures.

« Cette technique pourrait aussi être utile le long de nos plages l’été pour absorber les résidus de crème solaire qui se retrouvent en mer », suggère Maria Da Silva. « On pourrait aussi installer des boudins de cheveux pour lutter contre des micropollutions ou absorber les eaux de ruissellement chargées d’hydrocarbures qui échouent dans nos fleuves et finissent invariablement par polluer la mer », ajoute Thierry Gras.

Nos mèches ont enfin un autre avantage. Une sorte de remède de grand-mère destiné à chasser les… intrus. « Certains s’en servent pour éloigner les taupes et les sangliers, assure Maria Da Silva, la coiffeuse parisienne. L’un de nos clients, qui est restaurateur, vient nous en récupérer au salon pour repousser les lapins qui s’en prennent à son potager ! »


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