Paris, France
Par Ludovic Ameline
Publié le

Depuis quelques jours, c’est le grand rush dans les salons de coiffure. Certains clients craignant d’attendre plusieurs semaines avant de pouvoir se faire coiffer, jouent la carte de la prévoyance alors que l’hypothèse d’un nouveau confinement prend de l’ampleur de jour en jour en France. Charlotte, habitante de la Manche et mère au foyer, a préféré avancer son rendez-vous.
« Avec l’annonce d’un éventuel reconfinement au cours du week-end, je me suis dit qu’il fallait y aller maintenant. J’avais des trous dans mon agenda. Sinon je devrais peut-être attendre au moins un mois. Si ce n’est plus. Je n’ai pas envie de me retrouver dans la situation du printemps avec une coupe à faire peur. »
Les appels en cascade
Coups de peigne, coups de ciseaux, coups de téléphone, peu de répits pour les employés. Au salon L Coiffure, situé rue du Val de Saire à Cherbourg (Manche), on a très vite été assailli d’appels pour des rendez-vous.
« Tout le monde à l’impression que l’on va devoir fermer. Les clients sont prévoyants. Ils anticipent. Les rendez-vous s’enchaînent. On reçoit de nombreux appels. On essaie de prendre tout le monde. On n’arrête pas. On essaie d’organiser au mieux nos journées. Mais cette alternance de périodes d’activité intenses et de périodes creuses est difficile à gérer. »
Toujours à Cherbourg-en-Cotentin, au salon LHD, on note aussi une augmentation des appels depuis le début de la semaine.
« Certains clients essaient d’avancer leur rendez-vous. Mais la situation n’est pas compliquée même si, en raison du couvre-feu, nous avons dû revoir nos plannings et annuler quelques rendez-vous. Nous avons toutefois encore des places disponibles. »
Dans le centre-ville, chez Zalla Création, on sent que la clientèle « commence à paniquer ».
« Elle anticipe. Les prises de rendez-vous se multiplient. Certains clients masculins demandent même des coupes plus courtes, au cas où. En raison du couvre-feu, nous avons aménagé nos horaires d’ouverture. On est passé de 9h30 à 9 heures et le dernier client est à 17 heures. Pour lui laisser le temps de regagner son domicile avant 18 heures. »

Moral en berne
Le carnet de rendez-vous de l’Espace Corbin à Tourlaville, commune déléguée de Cherbourg-en-Cotentin, déborde. Presque à en donner des sueurs froides.
Ne m’en parlez pas. Nos clientes sont limite en panique. Il faut absolument que nous leur trouvions des rendez-vous. Le salon a dû s’adapter pour accueillir le maximum de clients possible. Du coup, nous avons décidé d’ouvrir le salon dès 7 heures. Nous fermons à 18 heures. Nous ouvrons également le dimanche matin. Mais avec le couvre-feu, nous perdons l’équivalent d’une journée de travail par semaine.
La coiffeuse déplore cette situation anxiogène.
C’est affreux d’être constamment dans l’incertitude. On angoisse par rapport à la semaine prochaine. On ne sait pas ce qu’on va devenir. En tout cas, je préférerais être reconfinée tout de suite, plutôt qu’aux beaux jours, en mars ou avril.
Elle évoque au passage l’absence de prises de rendez-vous pour des mariages. « Nous n’avons aucune demande alors que d’habitude, à pareille époque, nous avons déjà des dates prévues. Ce sera sans doute encore une année sans. Nous avons aussi perdu nos clients qui venaient se faire tailler la barbe. Mais il y a des métiers beaucoup plus à plaindre que nous, comme les restaurateurs ou les patrons de bars. »
Alors que l’incertitude règne toujours autour d’un possible confinement, bon nombre de Français ont semble-t-il accepté cette idée…
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